Respirer, ralentir, méditer

Ce n’est pas la Terre qu’il faut sauver, c’est l’Homme.

La Terre n’a pas besoin de notre aide. C’est une illusion, un orgueil encore de croire que nous sommes ses sauveurs. Elle n’a pas attendu l’homme pour exister ; elle ne l’attendra pas pour continuer. Elle a traversé des ères de glace, des pluies de feu, des extinctions massives. Elle a été chaos, puis floraison. Elle se transforme, mute, se régénère souvent au prix de grandes pertes mais toujours avec la même indifférence souveraine à notre égard. Elle se sauve, non pas en échappant à la destruction, mais en la traversant. Et souvent, c’est par la disparition de certaines espèces que l’équilibre se régénère. Nous ne sommes ni son sommet, ni son centre. Peut-être même sommes-nous, pour elle, une fièvre passagère. 

La véritable urgence, aujourd’hui, n’est donc pas écologique, mais spirituelle.
Ce n’est pas la planète qu’il faut sauver. C’est l’Homme de lui-même.

De son aveuglement, de son agitation, de sa tyrannie. C’est lui qui engendre les ravages, les pollutions, les conflits, la déforestation, les famines, les guerres. L’histoire de l’humanité n’est qu’une succession de luttes de pouvoir nourries par l’illusion de la séparation : l’Homme contre la nature, l’Homme contre l’homme, l’Homme contre lui-même.

Et au cœur de cette illusion, il y a une fracture : l’oubli de l’être.

Le retour à soi : le vrai commencement

Avant de vouloir réparer le monde, l’Homme doit revenir au fondement de ce qu’il est : une présence.

Non pas un faire sans fin, non pas un vouloir insatiable, mais un souffle. Une conscience. Un silence vivant.

Le retour commence dans l’instant. Dans la respiration.
Inspire... expire... Le souffle est l’ancrage.
Chaque respiration est une prière muette qui nous rappelle que nous ne possédons rien, pas même la minute qui vient.

Dans un monde qui court, la méditation est un acte révolutionnaire.
Fermer les yeux, c’est refuser de consommer. S’asseoir, c’est refuser d’accélérer.
Regarder en soi, c’est oser rencontrer le vide, le silence, l’espace intérieur.

C’est là que tout commence. Dans l’écoute. L’attention. La présence.
C’est là que l’ego commence à fondre, non dans le combat, mais dans la lumière.
Car l’ego ne disparaît pas sous la force, il s’éteint quand la clarté du cœur s’élève.

Et dans cette clarté, on redécouvre ce qui n’a jamais été perdu : le lien avec le vivant, la communion avec les arbres, les rivières, les étoiles. On cesse d’être un maître au-dessus de la nature pour redevenir un fils parmi elle.

La paix intérieure : source de paix extérieure

On parle de paix dans le monde. Mais comment espérer la paix entre les nations quand l’individu vit en guerre contre lui-même ?
La planète souffre des excès d’un Homme qui n’a pas encore appris à s’habiter.

Aucun projet écologique ne sera durable si l’Homme ne change pas son regard. Car derrière les plastiques dans l’océan, il y a un vide intérieur qu’on cherche à combler par l’avoir. Derrière les guerres pour les ressources, il y a une peur de manquer, une peur de l’autre, une peur de soi.

La paix du monde passera par une révolution du regard.
Une conversion intérieure. Une conversation avec son intérieur.
Un retour au sacré, non dans les dogmes mais dans l’émerveillement.

La beauté est dans toute chose.
Voir un brin d’herbe comme un mystère. Un regard comme un monde. Une goutte d’eau comme un miracle. Un arbre comme un ami.

Se dépouiller de ses peurs. De ce mental qui nous entraine vers le bas, vers des limites fictives et irréelles, des faux besoins que notre égo passe son temps à réinventer.

Se sauver, c’est respirer. Ralentir. Méditer. 

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À la rencontre des géants