Mon corps se vide et mon coeur se remplit.
Je me délecte depuis des années à vous aider à comprendre, sentir et développer votre conscience corporelle avec l'apnée et le yoga. Aventurière et amoureuse des nouvelles expériences, il fallait que j’aille plus loin et que je trouve un moyen d’aller plus profondément encore. Dans mon corps.
J’ai donc testé dernièrement le jeûne bien-être, associé à des randonnées quotidiennes (ici dans le magnifique Queyras (Hautes-Alpes 05), près d’Arvieu).
J’y suis allée avec hâte et confiance car j’attendais cela depuis longtemps. Cependant, à juste titre, pour le/la novice, la peur de manquer, de la faim, du vide et des faiblesses nous tiennent en alerte plusieurs fois dans nos réflexions avant de franchir le pas.
Craintes et doutes totalement légitimes quand il s’agit d’un premier jeûne.
Vais-je réussir à tenir ? Vais je accepter ce vide intérieur pendant sept jours ?
« Si tu veux être plein, laisse toi être vide. »
Personnellement, de part l'expérience de l'apnée et du yoga dans sa pratique respiratoire, son lâcher prise, son attention et sa concentration grandissantes et affutées et ses “Kumbakha”, les rétentions d’air à plein ou à vide, je savais par expérience que le vide intérieur ne pouvait être qu'apaisement.
Nos peurs ne sont que fictives, irréelles, les fruits de notre mental nourri par l’égo qui n’aime pas les changements.
Les bienfaits profonds du jeûne bien-être sur sept jours : Une renaissance intérieure
Le jeûne bien-être est bien plus qu’une simple pause alimentaire. C’est un véritable voyage intérieur, une re-connexion à soi, au silence, à la lenteur et à une forme de sagesse corporelle trop souvent oubliée.
Réalisé sur sept jours, dans de bonnes conditions, j’ai été accompagnée par la magnifique, douce et très expérimenté Nicola Bölling et quatorze autres jeûneurs. Faire son premier jeûne en groupe permet de traverser des phases uniques tant sur le plan physiologique que mental, émotionnel et spirituel. A plusieurs on est souvent plus fort.
Et pour amplifier ses effets, j’ai choisi un jeûne agrémenté chaque jour de randonnées douces et adaptées, ainsi que d’activités corporelles complémentaires : bain sonore, massages et yoga… Dont un cours de yoga débutant autour de la respiration consciente, que j’ai eu la chance de donner au groupe pendant deux heures (le temps d’un gros orage, le sixième jour).
Un ensemble harmonieux qui soutient et guide le corps dans son processus de purification naturelle.
Le fonctionnement physiologique du jeûne
Lorsque le corps cesse de recevoir de la nourriture, il ne s’arrête pas : il s’adapte. Rapidement, il puise dans ses réserves. D’abord le glucose stocké dans le foie, puis les graisses. Ce processus s’appelle la cétose, un mécanisme naturel d’autophagie ou d’autorégulation, qui permet au corps de se nettoyer en profondeur : les cellules éliminent leurs déchets, les organes se régénèrent, l’inflammation générale du corps diminue.
Le système digestif, habituellement sur-sollicité, se met au repos. Cette énergie économisée est alors redirigée vers d'autres fonctions : réparation, élimination, recentrage. L’esprit, libéré de la digestion, devient progressivement plus clair, plus vif, plus paisible. Le corps, libéré de la digestion (40% en moyenne d’énergie nécessaire pour le processus), devient plus alerte, plus léger. Le sommeil peut même diminuer, tellement l’énergie recyclée et apportée à d’autres fonctions, permet de dormir simplement moins. Parce que l’on en a moins besoin.
Les randonnées quotidiennes, effectuées en conscience, dans un rythme respectueux, sont de véritables alliés. Elles stimulent la circulation, favorisent l’oxygénation des tissus, soutiennent l’élimination par la respiration et la sueur, tout en offrant un contact régénérant avec la nature.
Il est important de préciser aussi que l’hydratation est TRES importante, toute au long de la journée (entre deux à trois litres d’eau par jour), associée à autant de tisanes que l’on souhaite. A composer soi-même. Nicola nous laisse un choix varié et délicieux entre de nombreuses plantes et fleurs séchées et bio, connues pour leurs bienfaits et leurs aides précieuses au processus du jeûne (ici qu’un exemple parmi la douzaine que nous avions à notre disposition).
Jour après jour : un voyage au cœur de soi
Jour 1 –L’accueil
L’entrée dans le jeûne s’accompagne souvent d’un mélange de curiosité et de crainte. Le corps commence à comprendre qu’il ne recevra plus de nourriture solide. La matin nous avons la possibilité (selon notre ressenti) de boire un demi jus de fruit (pomme) très peu sucré et le soir nous buvons un jus clair de légumes, frais et fait maison, chaque jour, pour les minéraux et vitamines.
Et pour que ce jeûne soit optimum et plus facile à vivre, il faut déjà effectuer une descente alimentaire les quatorze jours précédents. En commençant par éliminer la prise d’alcool, de caféine/théine, les sucres rapides, les plats transformés. Puis la viande et le poisson. Puis les laitages et les céréales. Pour ne garder que les légumes et les oléagineux.
Le dernier repas solide se fait la veille avant de venir. Et lors de ce premier jour, un bon laxatif (Chlorure de Magnésium) nous attend à l’arrivée. Purger le système digestif au tout début du jeûne permet d’alléger le processus et de le rendre plus efficace.
Lors de cette première soirée, mon estomac ne réclame pas tant son dû tant l’excitation de l’inconnu domine.
Jour 2 – Le ralentissement
Les réserves de glucose s’épuisent. On se sent un peu plus lent.
Personnellement, je me sens encore assez bien même si ma tension est plus basse et que je dois me concentrer sur mon corps qui demande un peu plus de lenteur. J’adore cette connexion. Je l’écoute et suis son rythme.
La randonnée du jour, adaptée à ce passage délicat, aide à relancer l’énergie. Le corps commence à se désintoxiquer. La respiration devient un outil de libération.
Jour 3 – La traversée
Le corps entre pleinement en cétose. Les sensations de faim diminuent. L’énergie reste basse, mais les marches, lentes et silencieuses, deviennent des moments de méditation en mouvement. Un vrai délice de ralentir. On s’écoute. On s’adapte. Le mental lâche prise. Personnellement ce jour trois sera le plus intéressant. Je me sens assez lourde, vide et peu d’énergie. Mais je marche malgré tout. L’énergie du groupe et de la guide Elodie et de l’accompagnatrice Nicola, me portent. Je fais les huit kilomètres et les cent cinquante mètres de dénivelé comme si c’était l’ascension du Mont-Blanc. Le corps s’essouffle plus vite et oblige encore plus à ralentir. Moi qui ai d'habitude une foulée naturelle rapide et qui avale le dénivelé assez facilement, je suis vraiment surprise de cet état presque léthargique mais de cette capacité à marcher quand même pendant quatre heures.
La sieste au retour de la randonnée est délicieuse et profonde.
Jour 4 – L’éveil
Je me réveille en pleine forme. La tension revient à sa normal. Je suis très surprise par le renouveau énergétique qui s’amorce. Yoga au pied du lit. Je suis avide de partir marcher.
La randonnée du jour devient plus fluide. Le corps est plus léger, l’esprit plus clair. Je respire profondément, je ressens tout, les sens en éveil, chaque pas devient une réelle présence à soi, à la nature et aux autres.
Je commence à ressentir une joie tranquille totalement inattendue.
Jour 5 – L’ouverture
L’énergie est la même, bonne et stable. Des yeux plus brillants plus ouverts. Le cœur s’ouvre. La nature devient miroir de notre intériorité. La clarté d’esprit s’installe durablement. La peau s’adoucit, les traits s’apaisent. Le jeûne devient un état naturel. La méditation s’installe sans effort, comme une respiration de l’âme. Et même commencer à penser à la reprise alimentaire ne donne pas du tout envie. Juste le souhait de rester ainsi pour toujours. Cette énergie incroyable, encore jamais ressentie jusqu’alors et la clarté d’esprit lumineuse sont telles que je me remets sur l’ordinateur en rentrant de la randonnée. Envie de créer et de travailler sur mes photos et les futurs projets. Pas besoin de sieste.
Cette créativité exacerbée fait partie des bienfaits du jeûne, Nicola nous l’explique le soir-même; lors des minis réunions quotidiennes, pour faire le point, pour appendre, pour comprendre ce qu’il nous arrive.
De la magie !?
Jour 6 – L’union
Les effets du jeûne s’amplifient. Le corps est vif, léger, vivant. L’esprit est limpide, les émotions sont stables. La randonnée devient un moment sacré, presque initiatique. On se sent connecté encore et encore. Cela amplifie cette sensation d’unité intérieure.
Tout est beau.
Jour 7 – La gratitude
Le dernier jour est une célébration intérieure. Le corps a perdu du poids, le mental s’est allégé, l’émotionnel s’est purifié. On se sent plein… de vide. Mais un vide rempli de paix, de présence et d’amour. Et lors de cette dernière randonnée, le dénivelé positif est de trois cent mètres et négatif sur six cents mètres. Incroyablement facile. On se sent tellement bien. La météo nous gâte d’une mer de nuages magique. Les montagnes sont claires et lumineuses. Tout est parfait. Oui.
Au retour, une dernière sieste avant le premier repas vers 17h30, très léger. Le retour à la nourriture se prépare avec conscience et gratitude. Principalement du végétal, cru ou cuit.
NB : Sans rentrer dans les détails, la reprise alimentaire doit se faire doucement, pour les huit à quatorze jours suivants. Elle est encore plus importante que le jeûne lui-même, si nous souhaitons optimiser le travail accompli et ne pas tout gâcher.
Un résultat totalement bluffant
Cette expérience a changé profondément certaines visions, certains préjugés et d’autres aspects inattendus.
Même si ma vie est plutôt équilibrée et harmonieuse sur de nombreux points ces dernières années, cette nouvelle aventure est une fusée directe dans mes entrailles, dans mes muscles, dans mon cœur, dans mon ventre, dans mon mental, dans tous mes ressentis.
Le processus nous oblige à sérieusement ralentir, à rester à l’écoute et dans le rythme que le corps dicte avec force intérieure.
La sobriété dans l'effort. Mesuré et adapté.
L’éloge de la lenteur.
Une bulle qui brille chaque jour un peu plus pour régénérer, alléger, détoxifier. Une vraie cure de jouvence. Sans chirurgie, sans médicaments ou produits diverses, sans régime forcé. Un rajeunissement stupéfiant.
Simplement en mettant le système digestif au repos pendant quelques jours.
Simplement en lui donnant le temps de se vider, de se nettoyer et de tourner le fonctionnement de notre machine énergétique vers l’intérieur « l’autorégulation » et non plus dans l’attente d’une aide extérieure.
Cette phrase apparait plusieurs fois dans mon esprit dès le quatrième jour, « mon corps se vide et mon coeur se remplit ».
Je suis remplie de gratitude dans un vide intérieur très addictif.
« Nous joignons des rayons pour en faire une roue, mais c’est le vide du moyeu qui permet à la roue de tourner. »
En résumé c’est un rituel de vie à adopter
Faire un jeûne bien-être une à deux fois par an, c’est s’offrir un véritable « reset » physique, mental et émotionnel. C’est une pratique de prévention, de guérison et de transformation. C’est aussi un enseignement : celui de revenir à l’essentiel, de goûter à la simplicité, de se reconnecter à la sagesse du vivant. Le jeûne ne nous affaiblit pas. Il nous révèle. Il nous rappelle que sous les couches d’agitation, de bruit, de consommation, se cache une présence profonde, paisible et lumineuse que chacun peut retrouver. Le faire en groupe est un atout et une force indispensable et incontestable.
De plus lorsqu’il est accompagné de mouvement conscient, de nature, de massages et de respiration, il devient une expérience holistique puissante, capable de transformer en profondeur notre relation au corps, à l’esprit et au vivant. Une expérience puissante, transformatrice, douce et profonde. Une reconnexion à soi, à la lenteur, au silence, à la nature et à la vie.
Une renaissance accessible à tous, pour peu qu’on s’y prépare avec respect et bienveillance.
C’est une aventure que chacun devrait vivre au moins une fois dans sa vie et peut-être l’adopter comme un rituel régulier de transformation intérieure.
« Le corps lui-même, par les lois de la nature, peut bien des choses qui font l’admiration de son esprit. »