À la rencontre des géants

Il existe sur cette Terre des êtres plus anciens que les villes, plus solides que les montagnes mouvantes de nos sociétés : les arbres géants. 

"Les arbres sont des poèmes que la terre écrit dans le ciel", écrivait Victor Hugo. Et c’est bien cela : une langue sans mots, mais qui nous parle profondément. Leurs troncs sont des colonnes de silence, leurs branches des bras tendus vers la lumière nourricière. Chaque feuille frémit comme une parole ancienne que le vent ne fait que traduire.

Pour mes quarante ans, je reçu un des plus beaux cadeaux vivants qui soit; passer quelques jours dans le Sequoia National Park en Californie.

Ces Séquoias monumentaux habitent le monde avec une majesté silencieuse. C’est un sentiment de vénération qui nous saisit quand nous levons les yeux vers leurs cimes lointaines : un mélange d’humilité, de paix et d’émerveillement.

Leur tronc rugueux porte les marques du temps, de la pluie, du feu, et pourtant ils se tiennent là, invincibles, puissants, silencieux. Ils dressent leur vieux corps vers les cieux depuis des siècles, parfois des millénaires. Ils sont les piliers vivants du monde, gardiens patients de la Terre et témoins d’un temps que l’Homme ne peut qu’imaginer. Et je ne pouvais pas imaginer que des êtres végétales pourraient autant m’émouvoir et me faire pleurer.

Devant un séquoia de cent mètres, notre cœur bat autrement. Leur force est douce, leur grandeur n’écrase pas — elle nous élève. Il y a là quelque chose d’indescriptible, presque sacré. Ils ne nous demandent rien, mais ils nous offrent tout : de l’air, de l’ombre et de la paix. Et la chance de les admirer, de les sentir et de les toucher.

Ces forêts sont des cathédrales vivantes qui nous enseignent la patience et le silence discret de leur présence vitale à tous. Ces monuments de terre et d’air ont vu naître et mourir des civilisations et continuent à s’élever sans bruit.

Alors oui, continuons à les célébrer par les mots et par la photo, ces créatures muettes aux parfums de sagesse et à la grandeur tranquille.

Les protéger, c’est refuser que leurs troncs deviennent des planches et leur mémoire de la sciure. C’est comprendre que chaque arbre géant abattu est une bibliothèque brûlée, un monde effacé. Les protéger non seulement pour ce qu’ils sont, des chefs-d’œuvre de la nature mais aussi pour ce qu’ils offrent : l’air que nous respirons, l’abri pour de nombreuses vies, la stabilité des sols et ce lien essentiel entre l’homme et la nature.

Assis au pied d’un de ces précieux trésors, il n’est pas rare de sentir que le monde respire avec nous. « Les arbres sont des temples vivants. S’y asseoir suffit pour entendre le monde respirer », écrivait Sylvain Tesson.

Alors écoutons. Plantons. Protégeons. Et surtout, gardons dans nos cœurs un peu de cette force au goût de terre. Car nous avons plus besoin des arbres qu’eux ont besoin de nous.

Les grands arbres sont des ancres dans notre époque de vitesse et de perte de repères. Ils nous rappellent que la grandeur et leur beauté ne font pas de bruit, qu’elles poussent lentement et patiemment.

Et aussi, les honorer, c’est les laisser vivre. C’est refuser leur destruction au nom d’un progrès sans âme. C’est transmettre leur histoire aux générations à venir pour qu’un jour encore les enfants puissent s’asseoir au pied de ces géants et ressentir la force douce de leur monde fascinant.

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Photographier pour se raconter. Capturer l’engagement, la passion et l’instant vrai.